Partager la publication « Rencontre avec Soizic Chomel, styliste culinaire »
Chose promise chose due, j’ai le plaisir de partager avec vous les réponses de Soizic Chomel à mes questions. J’ai choisi aujourd’hui de vous présenter Soizic car le métier de styliste culinaire est très peu connu et gagne à l’être. Ce sont des artistes de l’ombre dont le nom n’est pas toujours mentionné et le métier inconnu du grand public. Pour ma part, il est indispensable de travailler en équipe ou du moins en duo. Deux têtes et leurs idées valent mieux qu’une, n’est-ce pas ? Certains le savent déjà, je travaille beaucoup avec elle, vous avez surement déjà vu ses mains sur des photos backstage de mon compte twitter ou ma page facebook. Dans tous les cas, vous pouvez découvrir son travail sur : soizic-chomel.com
-M.A- Pourrais-tu décrire le métier de styliste culinaire ? En quoi consiste t-il ?
Souvent, je décris mon métier comme la mise en valeur, la mise en scène d’un plat avant de le prendre en photo, ou de faire une vidéo. Cela consiste à choisir le fond, la vaisselle et les accessoires en fonction du brief client ou de mes envies. Il ne faut pas oublier aussi que les stylistes cuisinent souvent les plats, cela fait partie intégrante du métier.
-M.A- Es-tu seulement styliste ?
Non effectivement je suis aussi auteur, c’est souvent en complément de ma prestation de styliste. Cela consiste à faire des recherches sur les recettes, les imaginer, les tester, les perfectionner et dériver à partir de recettes que je maîtrise déjà. Ce métier est infini en terme de création. C’est en cela qu’il est intéressant et d’autant plus lorsqu’on a la possibilité de gérer des projets de A à Z. De cette manière, tu as un autre regard sur la prestation, une autre intéraction avec le client et puis finalement c’est agréable de créer les recettes quand tu aimes cuisiner. C’est important pour moi de ne pas me cantonner à la partie stylisme.
-M.A- Quel a été ton parcours pour en arriver là ?
Je n’ai pas eu de formations ni pour le côté culinaire, ni pour la partie stylisme. J’ai fait des études de merchandising et j’ai eu des expériences dans des enseignes de déco et d’art de la table comme chez Habitat par exemple. Cependant, je ne suis pas arrivée là par hasard, la photo culinaire est quelque chose qui m’intéressait depuis pas mal d’années. Finalement, la déco et un stage chez un traiteur en stylisme m’ont confortés petit à petit dans l’idée qu’il s’agissait de la voie à suivre. J’ai ensuite tout lâché en 2011 pour prendre mon envol en tant que styliste culinaire free-lance, en commençant avec des prestations à l’Atelier des chefs.
-M.A- Sur quels projets travailles-tu actuellement ?
Beaucoup de projets en ce moment. Pas mal de pâtisserie, même si cela n’est pas mon terrain de jeu préféré. Plus précisément, je viens de finir un livre de pâtisserie qui sortira cet été, je commence maintenant à travailler sur un livre de recettes du terroir, et au milieu de tout ça j’ai des projets pour des marques. Sans oublier, toujours un petit peu de prestation de décoration par-ci par-là.
-M.A- Qu’aimerais-tu changer dans ton métier ? Comment aimerais-tu voir évoluer cette profession ?
Ce qui pourrait évoluer c’est notre statut. J’aimerais que notre métier soit reconnu comme un métier à part entière. Que les statuts vis à vis des stylistes culinaires évoluent et soient plus clairs. Je ne sais pas si l’évolution doit forcément passer par un statut d’auteur mais de toute façon il a besoin de s’améliorer. J’aimerais aussi que les gens puissent mieux se rendre compte de l’ampleur de notre travail en amont mais aussi les jours de shootings. Qu’ils se rendent compte du temps passer à réaliser une seule photo. Pour l’anecdote, je reprends une expression que l’on m’a dite une fois, « tu fais un peu de la dinette en fait » … Et bien en fait non, c’est un peu plus que ça !
-M.A- Utilises-tu des produits non alimentaires pour sublimer les plats ?
Je n’utilise pratiquement pas de produit non alimentaire. Ma démarche est de montrer les choses comme elles sont réellement, ou du moins, comme elles devraient être quand le lecteur va les cuisiner. J’essaie de tricher le moins possible mais parfois, et suivant la destination du cliché comme en pub, on est obligé de tricher un peu. Cela dit, je n’utilise que des produits naturels, comme l’huile d’olive, de la patrelle, des vaporisateurs d’eau. Dans la mesure du possible j’utilise des produits qui se mangent même si j’ai le souvenir une fois d’avoir utilisé de la mousse à raser. C’est sûr que cela prend plus de temps de faire les vraies recettes, mais de toute façon il est important de les tester et cela évite aussi de gaspiller !
-M.A- Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut devenir styliste culinaire ? Quelles sont les compétences à avoir absolument ?
Un conseil ? J’aurais tendance à te dire : être persévérant, diplomate, et surtout gourmand. C’est important d’aimer ce que l’on cuisine, d’aimer les belles et bonnes choses. Il faut aussi avoir une bonne endurance physique, car on est souvent debout ou plié en quatre au dessus des plateaux de shooting. Il faut être aussi assez perfectionniste, minutieux et patient. Je pense que c’est déjà pas mal, non ?
-M.A- Si tu n’avais qu’un seul blog ou site ou livre ou chef ou artiste etc. qui t’inspire lequel nous recommanderais-tu ?
J’en ai deux je pense : le blog de Dorian qui est accessible et très chouette. Dorian possède son propre style et les recettes sont justes et très bonnes, tu peux y aller les yeux fermés. Le deuxième, ça serait un blog végétarien : Green kitchen stories. J’aime bien l’approche et les photos. J’y fais beaucoup de découvertes d’associations de goûts et de produits.
Ci-contre stylisme et recette de Soizic Chomel : Gaufres au chocolat et à la fêve de tonka.
Photos Maud Argaïbi.
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